Quand la vitesse vous fait rêver
Camarades lecteurs de la presse, Camarades vespéraux, Camarades barbichus, Camarades adorateurs des fanzines,
L’histoire que je vais vous conter, avec un sens de l’à propos tel que Edwy P. songe sérieusement à ma modeste personne pour relire, annoter, modifier et saccager ses textes, s’est déroulé il y a peu, quelques semaines tout au plus. En fait pas beaucoup plus de deux. Ou trois. Mais il n’en reste pas moins vrai qu’on s’en tape un peu.
Cette étape narrative n’est qu’un break dans les récits adorables de mes agapes culinaires*. Celles-ci reprendront la haute place qui leur est due quand j’aurai enfin mangé autre chose que des sardines, top budget, en boîte, accompagné de semoule sèche et triste. Bordel de dieu (ou Marx c’est au choix) c’est pas le tout de se ramollir le cerveau à becter de la vache folle, faut quand même penser à soigner son corps de rêve.
L’histoire qui se déroule ci-dessous est absolument authentique. Que ceux qui la prendraient pour pure fiction à cause de l’intro stipulant que j’allais au boulot lundi matin, soit remerciés de m’idéaliser à ce point :
Lundi matin. Pénible pédalage en direction du chagrin. J’affronte le froid et les voitures, désespéré par l’absence totale de chauffage sur un vélo.
Enivré par une vitesse démentielle (17km/h), j’aspire la sobriété à grand goulot, en lisant les affiches jaunes, narrant les unes de mon quotidien régional préféré (oui oui c’est Ouest Plouc !), placardées devant toutes les devantures commerciales de ma pauvre ville. Et j’y découvre avec stupeur l’information choisie pour interpeller le chaland : « Le SMIC doit rebondir ».
Je manque de m’encastrer la voiture, le piéton, le poteau. Depuis quand ce journal affiche une opinion claire, tranchée et engagée sur questions si polémiques. Ou pour être un poil plus concis depuis quand Ouest Plouc n’est plus systématiquement giscardien balladurien chiraquien sarkozyste ?
Dévalant la rue, je cherche anxieusement une autre pancarte, afin de confirmer le fol espoir qui m’anime. Elle est en vue. J’accélère et m’immobilise soudainement pour ne pas rater ce revirement éditorial.
Las ! La vitesse fulgurante de mon engin avait dû me suggérer une lettre supplémentaire. Non ce ne sont pas les bas salaires qui doivent rebondir. Mais le SMC (Stade Malherbe de Caen) après une énième défaite en football (c’était le très léger accident marseillais). Me voilà rassuré ! Mon journal n’a pas changé.
* Homme du parquet, soit remercié ici bas. Et sache, que non, Sladjan Djukic n’est pas le complice de Karadzic et que non encore une fois il n’est pas recherché par le TPI. Il est juste attendu de pied ferme par la moitié d’une terne ville de province champenoise pour les 968 duels ratés avec un gardien adverse.